Mauvaise boussole

Publié le 20 Juillet 2017

Mauvaise boussole

Se réveiller avec des images de nourriture dans la tête. Y penser, chaque seconde.  Chaque hésitation sur ce qui va m’occuper dans les prochaines minutes, avec en filigrane la pensée que je pourrais aller manger.  Au pire.  Comme ça je repousse un peu plus ce que je dois faire, augmentant encore plus le stress, justifiant le fait d’avaler, d’engloutir… «« Rectifier »» ces pensées de bouffe par celle qu’il vaudrait mieux jeûner, se restreindre – des mots que j’ai repêché en me renseignant, mais j’en avais l’essence avant d’en connaître le vocabulaire  .  Ne pas manger  .  La pensée de ne plus coûter d’argent, de s’effacer en s’effaçant de la nourriture, en arrêtant de dépenser – car sans nourriture, plus de dépenses, ou considérablement moins…

Je suis un culbuto, une aiguille qui cherche son nord, polarisée sur la boussole de la bouffe, et il ne semble y avoir aucune autre alternative que les extrêmes. Je me sens à l’ouest de ma vie, obnubilée par ces directions qui m’écartèlent, mes pieds ne touchent plus terre, pourtant je veux marcher, je voudrais courir vers des bras qui me protègeraient de tout ça, vers une main qui ne me lâcherait plus et me montrerait le bon chemin.    Mais ce travail, c’est moi qui dois l’accomplir. Personne ne peut le faire à ma place, personne ne peut taillader la jungle pour créer mon chemin. C’est à moi de prendre la machette [et pas pour me couper avec].   Dans cette gangue il me faut trouver un courage que j’ai l’impression d’avoir écoulé, ou jamais possédé.  Peut-être qu’un jour j’arriverais à briser la coque de verre de ce fichu cadran… Oublier ces points cardinaux trompeurs, oublier ce magnétisme faux – trouver une vraie boussole, non pas une qui m’emprisonne, m’étouffe, me tue, me traîne sur ses sentiers de verre à nu, mais une qui me fera découvrir la vie, la vraie.

Rédigé par Tac

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