Au delà de moi le vide

Publié le 31 Août 2017

J'étais avec elle et je sentais le vide. Le vide dans notre discussion, dans le bruit que faisait nos mots rebondissant sur l'herbe et dans ma tête, le vide dans le ciel gris et l'air pollué, le vide de ce parc gris de fin d'été. Le vide au delà de moi et au dedans, qui me traverse et me tient. Peut-être qu'il vient de moi, qu'il se répand dans tout ce que je touche. J'en sais rien.

 

C'était y a trois ans. Autant dire une éternité quand on a dix-huit ans. J'avais la tristesse partout, dans ma voix basse et morne et puis celle qui coulait des yeux, la tristesse liquide qu'on aimerait mieux cacher ou faire voir. Tu hésites entre l'envie d'hurler regarde, regarde comment je me sens mal et putain toi tu vois rien, tu vois pas que l'eau qui coule de mes yeux c'est pas des blagues, que les cicatrices qui marquent mes bras ne sont pas des reflets, que les os qui pointent sous ma peau ne sont pas des ombres ?

 

Mais tu dis rien, tu hoches la tête et tu continues à jouer, parce que c'est un jeu la vie, non ? Sauf que dans ta tête t'as plus envie de jouer, mais tu connais tellement les règles par coeur que c'est trop simple de faire semblant, d'enfiler le costume la bonne amie banale alors qu'au fond de toi c'est bancal, ça tangue, tu t'écroules, tu te manges les obstacles et puis ça saigne un peu partout comme une lente hémorragie de l'âme.

 

Je repense à ce moment avec tristesse. C'était l'entrée dans le gris et le froid, c'était le jour où mon corps avait appelé à l'aide la seule personne qui pouvait m'aider, et où mon esprit orgueilleux avait entamé la coupure entre le monde et moi, le repli.

Rédigé par Tic

Publié dans #souvenir

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