Le nom d'une maladie

Publié le 25 Mai 2017

Le nom d'une maladie

Ana, Mia, Cat… les noms que nous pouvons donner à nos troubles sont autant de façons de les voir. C’est très tentant de se dédoubler de la maladie, d’en faire une autre personne. C’est très tentant et aussi très proche de ce que l’on ressent parfois : la maladie est là, comme un soutien, une personne prête à nous prendre dans ses bras, que ce soit les bras du jeûne, du sport à outrance, de la nourriture, d’une lame… On peut lui parler, lui hurler de partir (tout en la faisant rester parce qu’on ne mange pas, parce qu’on bouffe, parce qu’on s’ouvre le bras), on peut la traiter comme un défouloir. Voilà, Mia et Cat viennent me visiter comme on visite une personne malade… mais ne suis-je pas malade justement parce que Mia et Cat viennent me visiter ? Je suis Mia, je suis Cat. Et pourtant, je ne suis pas malade, je veux m’en sortir, c’est trop facile de se complaire derrière cette étiquette !

Comment dire à Mia et Cat de partir, lorsque je suis Mia et Cat ?

Quels nœuds !

A force de traîner sur de multiples blogs et forums, j’avais par mimétisme intégré ces noms, depuis peut-être un mois. Je pense aujourd’hui que donner un nom à un trouble, c’est le faire sortir de soi d’une certaine façon. C’est oublier que si ce trouble existe, c’est parce qu’il est un symptôme. Le symptôme de quelque chose qui est plus profond en nous. Cette sortie de soi cherche à couper le lien qu’il a avec ce quelque chose. Alors on commence à traiter Mia, Cat ou quel que soit le trouble comme un problème en lui-même. C’est d’ailleurs une forme de déni du quelque chose qui est en nous, de vouloir le dissocier de son propre symptôme. Mais vouloir détruire la tige n’empêchera pas la plante de repousser, il faut s’attaquer aux racines. C’est pour cela que les astuces pour éviter les crises ne demeurent que des astuces, et non des recettes imparables pour vaincre le trouble.

Attaquez-vous au problème plus profond, même si votre trouble vous fait actuellement souffrir à un point inconcevable et que vous voulez qu’on frappe votre vie d’un coup de baguette magique. Le problème plus profond est terrifiant (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle on a développé un trouble, pour cacher d’un affreux paravent une affreuse vérité), cela peut sembler une tâche sans fin et incroyablement ardue, mais c’est le seul moyen de vraiment éradiquer le trouble.

Déracinez cette affreuse vérité que vous n’avez pas voulu voir, et un jour vous pourrez sincèrement dire à [insérez le nom de votre trouble] : ADIEU.

 

De la même façon, ne vous cachez pas derrière le terme médical de boulimie restrictive, dépression, anorexie nerveuse, que sais-je : c’est trop facile de se cacher derrière ces étiquettes ! D’autant plus qu’elles sonnent comme des choses immuables, de la même façon qu’on dit « je suis une fille » ou « je m’appelle untel ». Mais ces étiquettes ne sont pas une condamnation ! C’est une photographie d’un instant T. L’être humain a la précieuse spécificité de pouvoir évoluer. Et même si l’on se sent comme des monstres, nous sommes humains. Nous pouvons travailler à notre prochaine évolution.

Rédigé par Tac

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